Mots dits vers

TRIBUTE TO BOBBY (2001 – … )

I. A PROPOS DE « I’M NOT THERE »

 

18813383.jpg

Ce n’est pas un film.
C’est un kaléidoscope, un poème clip où la musique est image.
C’est un miroir aux multiples facettes, reflets de la vie de Dylan, c’est un jeu de cache cache entre l’individu et son écho médiatique, entre l’homme libre qu’il a toujours cherché à être, et les stéréotypes figés dans lesquels voulaient le figer les plumitifs bien pensants, ceux qui « philosophize disgrace and criticize all fears », les politiquement corrects (de gauche ou de droite), ceux dont Dylan a toujours voulu se distinguer et à qui il a, en permanence, tenté d’échapper…
C’est une chanson de Dylan : la narration est bouleversée, viennent s’y mêler le réel et le mythique, le passé et le virtuel, le fantasme, le rêve et « the dirt where ev’ryone walked». Finalement c’est comme si l’on se promenait à travers les vers de « Tangled up in blue »… (une des chansons qui n’a jamais été évoquée dans le film).
Bien sûr, ce cinéma échappe aux règles commerciales, et je sens bien qu’il faut se précipiter dans les salles avant de le voir disparaître et attendre, pendant de longs mois, le DVD. (Exemple : je vis à Orléans, or, mercredi soir, jour de la sortie du film, à la séance de l’après-midi, nous étions quatre, dans la salle…)
So bad, but dont’think twice it’s all right…
Justes quelques impressions sur ces images qui sont nées de quelqu’un qui, c’est sûr, connaît son Dylan sur le bout des doigts et qui a su parallèlement, faire défiler cette histoire, encore récente et brûlante, de l’Amérique que les mots de Bob ont toujours accompagné, de près ou de loin…

18809015.jpg
Les images en noir et blanc, hallucinantes de véracité, sur les fulgurances verbales et musicales des années 66… (Kate Blanchett, plus Dylan que lui-même…) Métaphores surréaliste: les rafales de mitraillettes lors du fameux concert de Newport, les cheveux de cette groupie en torche vive… (N’avons-nous pas, nous aussi, eu la tête en feu, « While my conscience explodes », en entendant les vers irradiés que le poète électrisait d’une guitare héroïne… ) Moment d’extase quand les images deviennent le vidéo-clip de Vision of Johanna avec l’apparition de cette Louise, et surtout de ces passantes dignes de « See the primitive wallflower freeze/ When the jelly-faced women all sneeze/ Hear the one with the mustache say, “Jeeze I can’t find my knees”/ Oh, jewels and binoculars hang from the head of the mule/ » Tout cela étant esquissé, le temps d’une séquence furtive parmi tant d’autres, comme une cascades d’instants qui passent et qui s’enchaînent par des transitions souvent juste allusives.
Ce goût de la litote, du non dit, si Dylanien…

18818010.jpg

Fil rouge conducteur d’une grande partie du film : « Mister Jones » incarné par un personnage qui revient comme un écho négatif, symbole de ce que redoute ou combat Dylan … Jusqu’à la scène en couleur de la construction de l’autoroute à laquelle s’oppose le village où s’est réfugié le « chanteur Outlaw »… C’est sans doute un choix pertinent de placer cette chanson au centre du film car Mister Jones témoigne de cette société sûre d’elle même, sûre de sa bonne conscience et de ses préceptes moraux, contre laquelle Dylan s’est toujours, finalement, insurgé. Au delà du film, Mister Jones, c’est peut-être cette Amérique dont nous ne voulons pas, celle qui se pense centre du monde du haut de sa morgue et de sa puissance et qui bafoue d’un trait d’autoroute la réalité historique de ses grands espaces… (Et qui bafoue de plusieurs sales guerres l’idée de liberté qui la porta sur les fonds baptismaux de l’histoire)

18817975.jpg

Belle idée que de mêler en une seule allégorie féminine Suze et Sara (même si elles furent pourtant très différentes l’une de l’autre), car, ainsi, voici en une seule image « La Femme », sujet essentiel des textes et des musiques de Dylan… A la fois muse et compagne, fée Mélusine et Carabosse, inspiratrice transcendantale de « I want you » et abîme destructeur dans lequel plongent les vers déchirants de « Idiot wind » (dont on peut saluer le retour en bonne place dans le film, car j’ai le sentiment que ce texte n’a pas toujours dans le « petit panthéon » des dylanophile la place qu’il mérite)… Et Chartlotte est là, à « sa » place, car elle est évidente dans ce rôle, lumineuse, transparente de beauté et de grâce, égérie définitive du poète.

18817984.jpg

Et, évidemment, l’on ne peut s’empêcher de tisser le lien, ainsi, entre Gainsbourg et Dylan, qui se ressemblent finalement plus qu’on ne peut le penser au départ…
Autre fil rouge qui encadre le film et devient une espèce de support narratif : le train, de celui de « Woody », au début du film, à celui de « Billy the Kid » à la fin. Comme si ce même train (thème important dans l’œuvre de Dylan, regardez le nombre de textes qui traitent et évoquent le train de « It Takes A Lot To Laugh, It Takes A Train To Cry » à « Slow train coming ») devenait la métaphore de l’existence : on essaie de s’y hisser, on en chute, on tente d’y remonter, et finalement, recru d’expériences, on s’y assied en regardant défiler le paysage du temps…

18817960.jpg

Et quand ce train s’efface, dans la dernière séquence, voici qu’apparaît la seule image réelle de Dylan, sur scène, dans un long solo d’harmonica, et cette musique lancinante prolonge le sifflement du train, et devient soupir du temps qui fuit… Au moment où s’estompe, doucement l’image du chanteur, il ne reste que sa trace musicale, son seul message réel, pour l’éternité.

18818009.jpg

***

II. TRACES D’ETOILES

images-8.jpg

Petit hommage immodeste
A Bob Dylan
Dont les mots restent des étoiles
Qui ont laissé en moi
Des traces ardentes brûlantes
Et qui dureront plus
Que nos dérisoires tourments

***

1. DON’T THINK TWICE IT’S ALL RIGHT

dylan-1.jpg

Suis-je jamais parti ?
Et pour quelle aube ?
Embuée de ses remugles
De tant de brumes tristes

Suis-je jamais parti ?
Dans la quête trouble
Des tourbes de ma mémoire
Vers un virtuel moi-même ?

Suis-je jamais parti ?
Pour encore mieux brûler
D’un incendie de brousse
Sur les cendres du souvenir ?

Suis-je jamais parti ?
Ulysse dépourvu d’épopée
Ta sourde Odyssée sombre
Dans des écueils de mots naufragés

Suis-je jamais parti ?
Pour têtu revenir sur
Le virginal sentier
D’une unique rupture

Suis-je jamais revenu
De toi ?
Dès notre aurore enfuie
De nous

***

2. LOVE MINUS ZERO NO LIMIT

dylan-2.jpg

Oasis miraculeux
De ta peau sur mes lèvres
El ton sourire escalade
Mon désir sans vertige

Inutilité du temps
Quand il nous vend
Ses fragrances d’espoir
Juste comme ça en passant

Et les mots tombent
Comme des fleurs coupées
Sur les serments des amazones
Spasmes bavards des liesses

Que reste-t-il de nous ?
Quelles traces sur le sable ?
Quel parfum nomade ?
Quelle voix sur les ondes ?

Alors demandons-nous
Ce qui reste du soleil
Au bout des braises d’été
Sur les peaux du retour

***

3. IT’S ALL OVER NOW BABY BLUE

dylan-3.jpg

C’est fini
Cette fois c’est fini

Tu peux reprendre mes rêves
Et les ranger dans tes greniers
Tous mes poèmes ressassés
Et les jeter derrière toi
Mes mots tressés pour toi
Mes strophes ardentes de désir
Mes rimes insolentes d’espoir
Il vaut mieux les brûler
A quoi bon t’habiller de moi
Tu ne m’as connu que nu
Tu peux emporter si tu veux
Quelques photos jaunies
D’un ancien épisode
De tes amours à revendre
Il faut fermer ton portable
La messagerie sera coite
De mes mots gaspillés
Que tu balançais sans peine
Dans la nuit des réseaux
Ne perd plus ton temps on t’attend
Les chapardeurs de bonheurs
Les vagabonds en dérive
Et leurs promesses éventées
Savent que leur tour est venu
Tu n’es plus que ton reflet
Tu étais reine et je l’ai cru
Mais toute couronne choit

Et cette foi c’est fini

***

4. LIKE A ROLLING STONE

dylan-4.jpg

Sirène miraculeuse
Improbable nymphe
Née de mes mains
Ramassée sur la plage
Tes lèvres sur mes rêves
Mes murmures sur ton mythe
J’ai escaladé le ciel
Bien plus de sept fois
Avec les ailes agiles
De tes hanches dociles
Et nous appareillions
Vers des nues inouïes

J’ai été souverain
Héros people
Acteur heureux
Barde inspiré
Et je tombe
Dans le vulgaire
Souvenir fade
Comme un vers
Dénudé de rimes
Qui s’abîme
Dans l’obscure fange
Du sens commun

Pourquoi
Tu n’appelles pas
Pour me dire
Au moins
Que tu vis bien
Surtout sans moi ?

***

5. JUST LIKE A WOMEN

dylan-5.jpg

Larmes d’harmonica
Sur les premiers revers
D’un cœur débutant
D’un soupir débouté

Larmes d’harmonica
Sur les yeux muets
Des mots toujours tus
Sur l’innommable désir

Larmes d’harmonica
Sur les mains timides
Camouflées d’effroi
Devant leurs fantasmes

Larmes d’harmonica
Comme une pluie complice
Sur les replis secrets
Des amours mort-nées

Larmes d’harmonica
Qui versent encore
Leurs regrets rances
De tant de débuts ratés

***

6. I WANT YOU

images-16.jpg

Si le saxophone pleure encore
C’est d’une montagne rêvée
Où accouchent les souris
Et tant de cailloux plombés

Qui pleuvent encore
Dans un fracas de porcelaine
Faïence meurtrie
Esquisse effacée

Et les visages des gestes
Lenteurs déshabillées
Des torpeurs qui tremblent
Dans l’aube des lendemains chus

Or tu regardes derrière
Et les traces de tes pas
Sont des fragments d’étoiles
Où s’abreuvent les mots que je lance

***

7. ALL ALONG THE WATCHTOWER

dylan-7.jpg

Tourne métaphore
Parabole mystique
Des mystères d’hier
Quand demain se cherche

Cow-boy au lasso électrique
Armé d’une guitare incendiaire
Black hirsute qui blackboule
L’hymne étoilé désacralisé

Dans des stridences de fouet
Où dansent de peur les fantômes
Quand explose l’apocalypse jaune
Du fond des jungles napalmisées

Or le vent hurle toujours
Jimmy aux revolvers de volt
Et le ciel flambe encore plus fort
Fleuve pourpre d’une même mort

On vend des versets en arpèges
Le riff nouveau nous éclabousse
De prophètes aux spasmes divins
Vers des paradis sanguinolents

Plus besoin de tour de guet
Plus rien ne vient à l’horizon
Juste le brouillard effrayant
De l’allégorie folle d’anciennes peurs

***

8. TANGLED UP IN BLUE

dylan-8.jpg

Embrouillé emberlificoté
Dans tant de bleus de blues

Je me suis pris les pieds
Dans les rails de la guitare
Et le tapis ne vole plus
Sur des rêves qu’on a crus

J’ai tant ouvert les bras
Pour rattraper le temps
Tenir un instant le feu
De la seule étincelle vivace

Quand le soleil abdique
Et que la nuit absout
De ses voix voilées
L’essence de l’être

Mais jamais ne dure
Ce que l’on croit tenir
Et les bras ne s’ouvrent
Que sur leur ombre

Alors je me perds
Entre le confort acre
D’un foyer où brûlent
Les cendres d’avant

Quand on mordait
Au soleil les frissons
Des fruits de la passion
Et leurs râles en roulis

Tant de bleus
Tant de blues
Embrouillés emberlificotés
Ensablés échoués

***

9. SISTER

dylan-9.jpg

Croire un jour
Que l’on peut
Une fois la guerre
De l’amour
Achevée

Penser un moment
Que la paix
Après les étreintes
Et leurs griffures
Sans pitié

Que le sourire
En un instant de diamant
Illumineront
Les amants déchirés
Revenus
De leurs nuits
D’autrefois

Rêver
Que les mains
Qui avant
Se serraient
Dans la sueur des râles
Communiés
Epuisés d’eux mêmes
Séparés

Puissent se rencontrer
Sur un rivage neuf
Et s’offrir le chaste baiser
D’une amitié veuve

Mon irréelle sœur
Est-ce une utopie ?

***

10. KNOCKING ON HEAVEN’S DOOR

dylan-10.jpg

Si je frappe à cette porte
Qui me répondra ?

J’ai perdu le chemin
Du jardin d’antan
Les paraboles ont sombré
Dans leurs mensonges

J’ai déchiré le rosaire
Où l’on voulait m’enserrer
J’ai soufflé les bougies
De mon enfance bernée

Je ne sais qui répondra
A mes mots sur la porte
Au bout de l’arche de nuit
Où se love l’ultime néant

Mais je sais que la mort
Que la haine impie
Que le sang versé
Sont nés des Livres

Saints sont ils ?
Au bout de quel verset
De quel psaume de quel vœu
Les souffrances s’effacent ?

Cléricature obtuse
Prophète de malheurs
Prêtres et prélats divers
Vous avez ruiné vos temples

Si je frappe à cette porte
Qui me répondra ?

***

III. ANNIVERSAIRE

bdbmthe02.jpg

Monsieur,

Vous avez soixante ans. Cela est absolument impossible, inadmissible. Car si vous avez vraiment cet âge, cela veut dire que le temps a une prise sur vous. Et pourtant, je sais, en vous écoutant depuis plus de trente ans, que les temps changent, mais pas les carillons de la liberté, ceux que vous avez fait tonner avant la dure pluie qui devait tomber…
Que puis-je vous dire, que puis-je vous écrire ? Le silence est le seul écho digne de vos mots, de votre musique qui sait jusqu’à aujourd’hui faire se lever les poils du jeune homme que je suis encore et qui pleure toujours devant vos sanglots d’harmonica. Voilà pourquoi vous n’avez pas soixante ans, c’est parce que je ne sais qu’entendre votre voix des premiers temps, de tout le temps, celle dont un de vos collègues disait qu’elle était “de sable et de colle”…
Oh ! comment oserais-je vous avouer tout ce que je vous dois ? Tous mes sentiments, tous mes frémissements, tous les visages aimés sont forcément illustrés d’un de vos poèmes et si je tremble encore en disant “I want you”, c’est à vous que je le dois, et si je pleure parce qu’elle est “à ma fenêtre comme un oiseau à l’aile brisée”, c’est parce que je sais que les “visions de Johanna” hantent toujours mes nuits…
Certains ont dit tant de choses de vous, ont parlé de vous dans les universités, ont écrit des thèses sociologiques et/ou littéraires et/ou musicales et/ou politiques sur vous, sur le tapis tourmenté de vos mots, cherchant dans l’ambiguïté de votre poésie, les biseaux diamantés de leurs analyses… Et vous, vous vous êtes toujours joué d’eux, de leurs étiquettes et de leurs récompenses… Docteur Honoris Causa, tant de fois, médaillé par Lang ( lumberjack…) dans les années quatre-vingt, peut-être un jour (on l’a murmuré une année) prix Nobel… Oh, Monsieur, qu’importe, vous saurez toujours trouver la fenêtre par où vous évader, le contre pied subtil pour leur échapper… Ces savants ne savent pas qu’ils perdent leur temps à vouloir vous classifier, car vous désespérez depuis toujours les répertoires. Etes vous chanteur ? Poète ? Protestataire, crooner ? Jouez vous du Folk, du Rock du Country ? Votre vie n’est faite que de fuite et d’esquive, de jeux de cache-cache. Vous seul savez, au milieu du labyrinthe de miroirs que vous laissez derrière vous, que votre liberté est l’unique style qui vous guide…
Moi je ne me perds plus à vous chercher… Monsieur vous êtes en moi. Vous m’avez tellement consolé en pleurant sur celle qui “faisait l’amour comme une femme mais qui cassait comme une petite fille” que vos larmes noyaient les miennes… Votre guitare aiguë, cinglant l’harmonica qui gémissait sur un tapis strident d’orgue électrique (on ne disait pas synthétiseur à l’époque…) savait mettre en pièces l’équation impossible et tragique des “Reines Marie, Ramona, Fille du Nord” toute la cohorte de celles à qui, un matin de débine, entre bruine et larmes, on murmurait entre deux hoquets d’alcool pour camoufler les sanglots : “It’s all over now baby blue”… Et si j’ai survécu à mes amours déçus, c’est sans doute grâce à ceux que vous pleuriez dans vos vers de délire qui vibrent encore dans ma mémoire…Oh ! combien de revanche refoulée dans celles “qui est comme une pierre qui roule” combien de désirs errants dans cette déchéance chuintée plus que chantée : “You’re invisible now/ You have no secrets to conceal…”
Oh Bobby… Pardon, j’ai commencé par dire Monsieur, mais tant pis, vous êtes, sans le savoir, (et nous sommes nombreux…) mon confident, mon ami, mon frère. Et ce que nous avons partagé à votre insu fait que celui qui écrit ce soir, cet homme (respectable responsable adulte et tout et tout) pleure comme un enfant, crie comme une vulgaire groupie quand vous lancez les premiers accords de toutes vos chansons apprises par cœur (Oh! Mon seul professeur d’anglais…) un soir d’octobre 2000 au Zénith, à Paris…
Non Bobby, tu n’as pas soixante ans….Tu es au-delà du temps, forever young parce que tes mots ont déjà tissé les fils soyeux de ton éternité.
A vous, à toi.

(Automne 2001)

Publicité

3 commentaires »

  1. ce texte 11 ans plus tard pourrait s’écrire encore; merci à « cet homme respectable,responsable qui pleure comme un enfant » et qui vous aime monsieur Dylan tout simplement.
    Une groupie de 61 ans

    Commentaire par gobin marie — décembre 1, 2011 @ 5:51 | Réponse

  2. Hey, you used to write excellent, but the last several posts have been kinda boring¡K I miss your tremendous writings. Past several posts are just a little out of track! come on!

    Commentaire par 513104 — août 21, 2012 @ 3:48 | Réponse

  3. I wish my friends saw it

    Commentaire par Ron — septembre 15, 2012 @ 9:34 | Réponse


RSS feed for comments on this post. TrackBack URI

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Propulsé par WordPress.com.

%d blogueurs aiment cette page :