Poème publié dans le N°118 de la revue FLORILEGE éditée par l’association « Les Poètes de l’amitié », mars 2005.
Talcy est un château où se croisèrent les destins de deux poètes : Pierre de Ronsard, d’abord, puis Agrippa d’Aubigné. Ils y conjuguèrent en vers, sur fond de guerre, leurs amours impossibles
I.
C’est comme un parfum labyrinthe
Aux effluves rouges d’histoire
Un dédale de fleurs défuntes
Aux odeurs lourdes de mémoire
Aux échos sourds de voix éteintes
Un verger comme un vert boudoir
Où chaque rose exhale un vers
Et se souvient du verbe choir
Quand le soleil saignait amer
Sur les blés entre Loire et Loir
C’est un château où les fantômes
Sont des bouquets d’essences fines
On y frôle encore l’arôme
De frêles baisers d’aubépine
Légendes qu’embaument les tomes
II.
Et les tomes de mon passé
Tombent en pensées assoupies
Lorsque la nuit embarrassée
Se tait de pudeur assagie
Sur mes phantasmes ressassés
Or mes prénoms furent fleuris
Qui hantent mon verger en friche
Sur des traverses défraîchies
Par ce temps qui bêche qui triche
Et efface les pas transis
De tant de désirs trop timides
Eux qui jamais ne surent lire
Le miroir d’un regard limpide
D’une main qui s’offre en sourire
Muet vers mes lèvres frigides
III.
Ici l’on croise la parole
De massifs cernés de sonnets
Par la lyre ourlée en corolle
Dans des froufrous furtifs d’archet
En rimes s’envolent les violes
Ici le vent doux décortique
Les savants soupirs qui se lèvent
Exquise ardeur métaphorique
Pour l’amant enhardi qui rêve
A Cassandre au cœur utopique
Dans ce jardin donc se croisèrent
Les poètes et leurs amours
Parmi ce faux jour de fougères
Peintres fiers des précieux atours
Fard des modèles de naguère
IV.
Autrefois naguère ou hier
J’ai saisi l’albâtre d’un sein
La pâleur souple d’un hiver
Le destin dictait son dessein
En m’ouvrant son livre de chair
Je vous ai tenue vous qui n’êtes
Plus qu’une trace d’encre rêche
Sur des papiers jaunis qu’on jette
Car les mots ne sont plus de mèche
Quand les voix ont battu retraite
Où es-tu ma Cassandre sûre
Ma muse mythique et charnelle
Souffle de mes jours de morsure
Ma soif de nous se traîne-t-elle
Dans ce confident de verdure ?
V.
Verdure osée des lits de mousse
Où les vertiges se dénouent
Muse c’est l’amour qui te trousse
Et ta vertu tombe à genoux
Devant la rime à la rescousse
Talcy tes voix sont éphémères
(L’azur en œillet de leurs yeux
Leurs joues rosée sur primevères
L’or en long lys de leurs cheveux…)
Mais vivent par les vers de Pierre
Dans ce jardin aucune plainte
Ne censure l’aube lascive
D’une vénusté hors d’atteinte
Et sa fragrance se ravive
Au fil d’un parfum labyrinthe
VI.
C’est comme un parfum labyrinthe
Où je me perds où je te cherche
O rêve opiacé fièvre feinte
Songe opaque soleil revêche
Horizon en pleurs aube éteinte
Tu t’en vins parée de hasard
Vénus aux touffeurs sidérales
Moi dans ta voie lactée Icare
J’ai chu voleur ivre en cavale
Jusqu’au dédale du départ
Tu t’en fus vêtue de silence
De formules sourdes d’oubli
Or tombe une neige d’absence
Sur l’air dissonant du non-dit
De nos promesses sans essence
VII.
Château non plutôt vieux manoir
Pierres rurales sans remparts
Bâties entre histoire et terroir
Nées de l’or d’un banquier lombard
Sur les prés empourprés du soir
Mignonnes sont les châtelaines
Dans des détours de poésie
Monte la voix des cœurs en peine
Pierre ou Agrippa tant épris
D’une nymphe ou d’une sirène
Rêve courtois trêve de guerre
Voici que les chimères trament
Des lauriers plénipotentiaires
Car un souffle de paix réclame
La rose qui frémit en vers
VIII.
Nous frémissons parfois ensemble
Naufragés d’un désir sabré
Nos frissons sont feuilles qui tremblent
Sur de lents murmures marbrés
Gestes fanés qui nous ressemblent
Ma sirène éperdue de danse
Tes hanches de houle océane
Marée où je me recommence
Sève sur mes jours de savane
Mon flot de vie et de jouvence
Or tout est donc herbe séchée
Entre deux pages d’illusions ?
Et que sont nos chants ébauchés
Nos chorus nos voix en fusion ?
De fades refrains rabâchés
IX.
Beauté muse au-delà du temps
Esquisse pour le peintre ému
Grâce qui transcende l’instant
Le velours des discours diffus
Anime les lèvres d’antan
Tombez rivières de senteurs
Or en boucles d’effluves molles
Sur les suaves sphères sœurs
Temple de Vénus aux coupoles
Que dressent des mains de ferveur
Vigne d’obscures voluptés
Verger fou où tiges et lianes
Là s’enlacent à satiété
Qu’on te dise Cassandre ou Diane
Beauté tu n’es qu’éternité
X.
Aurore écartelée de voix
Essor de nos nuits gisements
Ton sourire ardent mis en croix
Ton râle brûlé de serments
Quand s’ébroue le feu qui nous ploie
Moi rebut d’un âge défunt
Je suis figé face au jardin
Vide comme un roi sans dauphin
Mais je tresse ces mots de rien
Pour qu’ils durent plus qu’un parfum
Car si en vain le temps s’éreinte
C’est par le miracle de l’art
Dans ce labyrinthe d’empreintes
On vient s’imprégner ô Ronsard
Des roses des amours défuntes
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