Mots dits vers

février 28, 2022

Ukraine

Filed under: Poésie — Jean-Pierre Paulhac @ 8:58

Je pense à toi vieil homme
Sculpté par le temps
Usé de sueur acide suintant
Le long d’un mur d’usine
Camarade travailleur
C’est ta médaille rude
Au bout du terne voyage
D’un horizon de long labeur
Au nom d’un paradis rouge
Que tu construisis de mots
Qui scandaient et chantaient
Sur des slogans sanglants

Et te voilà à errer dans les rues
Penché sur ton âge chenu
Gravats d’un musée triste
Qui s’effondre de pleurs

Je pense à toi beauté blonde
Si sculpturale esquisse
Muse d’un peintre médusé
D’un poète aux vers ébahis
Tes rêves aux yeux célestes
Flottent bleus vers une caméra
Un casting un défilé de flashs
Mais l’avion constellé de l’avenir
S’est crashé sous un tapis d’obus
Et les éclats de tes insomnies
Sont ceux aveugles d’une explosion
Où s’évapore ta pellicule promise

Et te voilà à errer dans les rues
Vénus en vrac au jean souillé
Actrice bafouée d’un faux film
Cauchemar que tu vis en vrai

Ode à la paix

Filed under: Poésie — Jean-Pierre Paulhac @ 8:56

Pourquoi nous as-tu fui ?
Pourquoi t’es-tu envolée ?
Où vas-tu ?
Où pars-tu ?
Où voguent tes ailes
Fâchées froissée flétries ?
Bien sûr
Nous sommes veules
Lâches volages volatils
Nos mots ne pèsent
Pas plus que nos idées
Solubles dans le sang
Quand celui-ci surgit
Tâche de honte vive
Sur une carte d’Europe

Bel oiseau du soleil
Ne nous quitte pas
Reviens vers nous
Quelles que soient
Nos errances nos erreurs
Nos atermoiements
De Matamores
Nos grotesques tartarinades
Lancés dans l’écho mort
Des peuples écrasés

Bel oiseau bleu
Miracle du vent
Funambule de l’horizon
Reviens-nous
D’un vol soyeux
De tes caresses de plume
Sur nos lèvres avides
De soif verbale
Sur les vagues émeraudes
De nouveaux serments d’avenir
Que cette fois
Promis nous tiendrons
Crois-nous
C’est sûr
Autant que l’aurore
Alors
Reviens vers nous
Colombe de la paix

Le retour des fantômes

Filed under: Poésie — Jean-Pierre Paulhac @ 8:54

Voici que se lèvent dans la nuit
Eclaboussés de sang d’espoir mort
Le front déchiré de cicatrices
De la haine harnachée de chars
Un lambeau de liberté brûlée
Brandi dans un silence de neige
Un fusil anachronique au poing
Face aux canons bolchéviques
Les Hongrois de cinquante-six
Écrasés dans le feu dans le sang

Voici que se lèvent dans la nuit
Ivres de larmes sur un blindé sourd
Désarmés d’illusion face aux casques
En foule de pleurs bafoués trompés
Enveloppés dans le drapeau flétri
D’une fausse liberté engoulaguée
Jeunesse dessoûlée d’illusion morne
Marchant dans des rues sans but
La Tchécoslovaquie de soixante-huit
Étouffée en silence par l’ogre soviétique

Voici que se lèvent dans le nuit
Les infâmes fantômes d’autrefois
Ravivés d’un feu de missile fou
Par un tsar resurgi des tombes
Fumantes de la tragédie insensée
D’une histoire bègue qui réécrit
L’horreur toujours recommencée
Des peuples écrasés au nom
Des délires totalitaires déments
D’un Folamour apologue de la mort

La guerre

Filed under: Poésie — Jean-Pierre Paulhac @ 8:51

La guerre
Hideuse sorcière d’ignominie
Abjecte Carabosse mortifère
Haine au flot fou étouffant
Ruisseaux de rage aveugle
Gerbe d’avenir écartelé
Tranchée des corps enfouis
Déchiquetés de nuit finale
Ombre géante du feu vorace
Cris des explosions d’horreur
Technique sourde d’assassinats
Sur les foules effarées qui fuient
Fée maléfique balafrée de rafales
Pour des d’exécutions anonymes
Vies fauchés au hasard dans les blés
Effrois submergés de moisson noire
Loi du plus fort au vent des missiles
Quand autrui n’est plus qu’une cible

Europe belle Europe
Touchée au cœur de ton histoire
Et tes larmes cramoisies
Suintant d’une blessure amère
Versent l’oubli de l’espoir
Quand se lève l’aube
Des anciens cauchemars

décembre 20, 2021

Sous le masque

Filed under: Poésie — Jean-Pierre Paulhac @ 9:12

Sous le masque
Mon cœur bat son tempo de vie
La batterie douce d’un vieux blues
Qui attend que de l’ombre se lève
Le saxo ensoleillé d’un baiser

Sous le masque
Des mots scandent leur métrique
Dans des vers qui se débattent
Pour que la rime heureuse explose
Dans la rose offerte d’un baiser

Sous le masque
Mon rêve palpite de musique
Et se pose en notes chimériques
Sur la suave portée imaginaire
D’un ancien slow où surgit un baiser

Sous le masque
De notre pitoyable carnaval tragique
Je dessine sur tes lèvres imaginées
Une fabuleuse aurore fantasmée
Qui sous son or submerge nos baisers

Pour Joséphine

Filed under: Poésie — Jean-Pierre Paulhac @ 9:10

Noire
Seins dressés ceinte d’un bonheur Banania
Sourire incendie fellatoire aux rais d’argent
Fantasme tropical tornade sur les libidos pâles
Reine ébène de la nuit aux reins d’inouïs rêves

Noire
Aumône de l’amour exhaussé sur les planches
Orgasme du blues blanc sur un saxo qui jouit
Jazz d’extase en tempête qui houle des hanches
Victoire pigmentée sur la nuit veule des rancœurs

Noire
Peau nue brandie en tempo brûlante oriflamme
Insolence racisée qui debout se rit de la haine
Éclat de joie qui rugit contre l’infâme lynchage
Égérie digne de Soulages qui transfigure la nuit

Noire
Intrépidité de la vie qui refuse l’ignominie gammée
Confidente sensuelle et osée des messages secrets
Mata Hari d’ailleurs aux baisers de fièvre française
Soldate du bonheur sans peur plus fort que la nuit

Noire
Mère arc-en-ciel des mille et un enfants perdus
A nouveau nés ravivés de caresses universelles
Mère unique et prodigue d’un seul monde pluriel
Mère de l’utopie du cœur vaillant qui abolit la nuit

Noire
Étendard brandi sur notre pâle horizon mortifère
Drapeau tricolore où se drape perdu notre honneur
Antidote aux faux prophètes aigris du désespoir
Apothéose de l’amour explosant nos tristes nuits

Noire
Entre ! Entre dans l’antre éternelle de nos légendes
Entre Toussaint Louverture Aimé Césaire et Jean Moulin
Avec les bananes nues de ta beauté folle de courage
Ta mémoire émue éblouit les nuits de nos destins

Déjeuner en paix

Filed under: Poésie — Jean-Pierre Paulhac @ 9:07

(En écoutant Stéphane Eicher)

Je déjeune en paix
Chaque matin que fume le temps
Le long d’un café morfondu
Au sucre amer

Je déjeune en paix
Je tartine de silence l’ennui
Sur des pans de souvenirs grillés
De déconfiture

Je déjeune en paix
D’un cafard brûlant servi sans crème
Qui écoule le feu de sa lave noire
Sur l’avenir vide

Je déjeune en paix
J’écoute l’écho des bruits du monde
Danser sur les ondes bavardes
De l’oubli qui bout

Je déjeune en paix
L’hiver se pèle en notes de blues gelé
Et ses larmes pâles se fondent
Dans un nuage de lait

Je déjeune en paix
Je digère le désert de ma nuit absente
Et les ruines des rêves ringards
D’un expresso éventé

Je déjeune en paix
Chaque matin que fume le temps
Chaque jour je remue d’effroi un café froid
Saisi par les griffes du silence

Je serai qui tu veux…

Filed under: Poésie — Jean-Pierre Paulhac @ 9:03

If you want a lover
I’ll do anything you ask me to
And if you want another kind of love
I’ll wear a mask for you
If you want a partner, take my hand, or
If you want to strike me down in anger
Here I stand
I’m your man

Léonard Cohen
« I’m your man » 1988

Je serai si tu veux
Rêveur fou aux chevauchées de chimères
Songeur fumeux aux volutes de vers
Enchanteur verbal aux mots vibrants
Montreur d’images aux nuages volages

Je serai si tu veux
Penseur impénitent du futur sans fin
Utopiste du temps qui ne s’achève pas
Philosophe du bleu de l’horizon sûr
Sage serein dompteur de chaque instant

Je serai si tu veux
Farceur sans limite fou de confettis
Blagueur surfant sur l’océan du rire
Gai luron bondissant de saillies salées
Humoriste hilare de jaillissements d’ironie

Je serai si tu veux
Jongleur hirsute de sarabandes ébouriffées
Magicien prodigue de métaphores mauves
Bateleur bavard de poèmes qui dansent
Prestidigitateur rusé de miroirs roses

Je serai si tu veux
Mage halluciné des musiques de demain
Prophète inspiré des amours qui durent
Prédicateur méticuleux des instants osés
Découvreur impudent de chair promise

Je serai si tu veux
Comptable zélé des soupirs naissants
Assureur tatillon des promesses lancées
Administrateur pointu de ma tendresse
Répétiteur assidu du bonheur infini

Et je ne demande
Comme juste salaire
Qu’un baiser d’aurore

Amer retour

Filed under: Poésie — Jean-Pierre Paulhac @ 9:00

Il m’arrive de saisir
Le souffle aimant
De gens qui m’applaudissent
De lire leurs sourires
Flashs irisés de bonheur
Au fil d’un poème dit
Du bout des rimes
Du fond du cœur

Et puis reviens l’heure
Du retour dans les bras amers
De ma solitude

Il m’arrive de capter
Le miroir bleu des sourires
Amis qui m’offrent leurs bouquets
De mots bien fleuris
Arc-en ciel qui chante
Au fil d’un ruban verbal
Du bout des mains
Du fond des rires

Et puis reviens l’heure
Du retour dans les bras amers
De ma solitude

Il m’arrive de rêver
Sur la mouvante vague azur
D’un regard offert qui promet
Des frissons tanguant de tendresse
Sur un horizon fou qui s’ouvre
Au fil d’un désir flou
Du bout des lèvres
Du fond du désir

Et puis reviens l’heure
Du retour dans les bras amers
De ma solitude

Il m’arrive de songer
Le long de phrases mauves
Qui m’envoient leurs soupirs
Autour des tours et détours
D’un refrain neuf qui danse en moi
Au fil d’un poème qui naît
Du bout de mes vers
Du fond d’un fantasme

Et puis reviens l’heure
Du retour dans les bras amers
De ma solitude

Jargeau

Filed under: Poésie — Jean-Pierre Paulhac @ 8:57

C’est une lente caresse ligérienne
Sur des pierres sûres que posa l’histoire
C’est la fable éternelle de l’eau qui court
Dans une poésie qui s’enivre de verdure

C’est une escadre d’oiseaux acrobates
Qui dansent sur l’écran d’un ciel mouvant
C’est le héron qui rejoue en vrai les vers
Du fabuliste que récitent les voix d’enfants

C’est un bourg aux murs anciens
Qui va sur son long chemin de paix
Vers l’avenir sous la brise paisible
Des rives du temps qui s’écoule

C’est ici que Jeanne s’est blessée
Sur le champ ardent et dur d’anciennes
Victoires cœur battant fier courage
D’un étendard de foi et d’espoir

C’est le souvenir insane et infâme
D’un camp où la bande à Pétain
Enfermait les tziganes les gitans ceux
Dont la guitare de vent est la patrie

C’est la fête qui défile en liesse pour
Sa majesté carnaval qui blague et qui rit
Titubant de farce dans son cortège
De délire en carton-pâte en feu de confettis

C’est un village assis sur ses berges
Qui rêve au fil du fleuve capricieux
Bien loin des transes et des trépidations
De nos cités qui s’étouffent de fièvres

Et moi l’invétéré citadin plus que revendiqué
Le disciple des pavés couvrant la plage
J’ai vécu ici au creux d’une France rurale
Neuf heureuses années de mon existence

Page suivante »

Propulsé par WordPress.com.